lore 1 episode 4

Chapitre 4 : In Which We Serve

Secteur AB-41 / Planète MEN-424 / Station d’extraction minière abandonnée
16 février 2521 / 08h00

***

– Bonjour à ceux que je n’ai pas vu ce matin, annonça le Capitaine LE CALALOU, avant de s’asseoir, affichant son sempiternel sourire.

Assis autour d’une grande table ovale, vestige de la salle de commandement de leur C9 détruit, pilotes et co-pilotes prenaient place à la droite du Capitaine, tandis que les opérateurs radars s’installaient à sa gauche.

Ainsi par ordre hiérarchique et d’ancienneté, siégeaient AUGURE, VRIZARD, PETITNUAGE et TOVA.

NONO et MAXVINGT précédaient quant à eux un siège vide, celui de FROZEN.
C’était le doyen des opérateurs radars, décédé des suites de ses blessures peu après le crash.

Sa place, vide aujourd’hui, était habituellement occupée par la Capitaine NETSO, invitée d’honneur de LE CALALOU, en sa qualité de capitaine de vaisseau.

– Bien ! Avant d’attaquer le briefing de vol, je tenais à vous féliciter pour votre conduite.
Face à la situation peu confortable que nous traversons, vous faites tous preuve de la rigueur et du professionnalisme nécessaires, sans lesquels nous ne pourrions surmonter cette épreuve.

Il marqua une pause de quelques secondes, observant individuellement les réactions de ses hommes.

Il surprit le regard en coin qu’adressa AUGURE à TOVA, lequel devina que son « mécontentement » était déjà parvenu aux oreilles du Capitaine …

Comme il le redoutait depuis un moment déjà, son équipage montrait désormais des signes de faiblesse.
Cette situation commençait à ébranler leur rigueur et leur sens du devoir.

Le crash de leur C9, baptisé BERYLLIUM, avait mis fin à 33 jours de combat sans repos.
Les semaines suivantes avaient été difficiles, physiquement et psychologiquement.
Mais ils étaient toujours en guerre, et ils exécutaient sans sourciller, les tâches nécessaires à l’accomplissement de leur nouvelle mission …
Nombre d’entres eux considéraient que ce serait probablement leur dernière …

Il avait fallu d’abord soigner les blessés, enterrer les morts …

Puis faire l’inventaire des R4 qui pouvaient encore être sauvées, afin de les transférer en lieu sûr, dans la petite partie de la station d’extraction minière qui avait survécu aux bombes ECOS.

Enfin, en attendant une hypothétique évacuation, ils avaient dû installer et rendre opérationnelle la fameuse STATION RADAR demandée par l’Etat-Major MUD, sans négliger l’aménagement d’une zone de vie supportable …

Le transfert du matériel encore intact du C9, utile pour la mise en œuvre de leur « avant-poste de détection », les avait occupés durant un mois et demi.

Les deux secteurs n’étaient pourtant pas trop éloignés.

Lors de sa phase d’atterrissage d’urgence, le dernier moteur latéral encore fonctionnel du C9 avait rendu l’âme.
Le vaisseau Capital, alors incontrôlable, s’était écrasé dans les décombres d’un entrepôt de stockage, heureusement proche de la zone d’atterrissage.

Malheureusement, le biodôme qui leur permettait de respirer sans combinaison autonome, n’avait pu être mis en service que tardivement.

Ainsi, les premières semaines de déménagement durent être effectuées en « scaphandre », ce qui rendit la tâche lente et ardue…

Le doute les avait gagnés, au fur et à mesure qu’ils prenaient conscience de la mission quasi-suicidaire, que leur Capitaine avait reçu.
Et la morosité de leur quotidien n’arrangeait rien…

LE CALALOU savait combien le maintien en condition opérationnelle de son équipage était nécessaire, afin de maintenir un semblant de vie normale à bord.

C’était même indispensable pour garder la cohésion du groupe.

Le briefing de vol du matin était une tradition multiséculaire dans la marine MUD.

Le chef de bord rassemblait dans la salle opérationnelle, l’intégralité de ses pilotes, co-pilotes, ainsi que ses opérateurs radars,.
L’articulation de cette réunion quotidienne obéissait à des usages ancestraux.

D’abord, les prévisions des opérateurs radars, qui faisaient office de « bulletins météo interstellaires ».
Puis s’appuyant sur ces relevés, les propositions des différents plans de vol des pilotes.

Malgré son charisme, le Capitaine devait déployer de grands talents d’orateur pour garder son équipage convaincu de la nécessité de cet exercice opérationnel quotidien.
Simuler tous les jours un briefing de vol pour une flotte « fantôme », n’avait rien de bien passionnant.

Bien sûr, tout ce beau monde ne quitterait pas cette planète aux commandes du BERYLLIUM, mais LE CALALOU insistait sur l’éventualité de devoir prendre le commandement d’un navire de la flotte Rescue, qui procéderait, il l’espérait, bientôt à leur extraction.

Il envisageait même, devoir prendre la tête de cette flotte, afin de la guider au travers des dangers de cette galaxie devenu si instable, depuis que le trou noir GARGANTUA avait entamé son aspiration dans leur secteur.

– Nous sommes sur la trajectoire d’un nuage de météorites jusqu’à 16h00, débuta sereinement MAX.
Il s’étend sur 400 000 km en direction de la planète MEN-425, et environ 250 000 km vers la planète MEN-427.

Avec une densité de plus de 3 millions de tonnes au km3, tout vol en direction de la Starbase AB-43 est exclu jusqu’à 13h.

Selon mes calculs, les perturbations induites par GARGANTUA, devraient nous causer des problèmes énergétiques entre 12h00 et 19h00.

Il faudra donc éviter de lancer des activités technologiques autonomes dans ce créneau horaire.

NONO, fier de sa recrue, adressa un sourire reconnaissant à son jeune adjoint.

Au regard interrogatif de LE CALALOU, il répondit avec assurance :

– Rien à rajouter !

Le Capitaine, l’air satisfait, tourna la tête sur sa droite.

– J’ai tracé 3 plans de vol possibles pour rejoindre la Starbase AB-43.

Associant le geste à la parole, VRIZARD fit apparaître les 3 tracés sur la carte virtuelle interactive.
Il s’agissait d’un hologramme, projeté à une hauteur de 20 cm, depuis le centre de la table.

Le plan DELTA est le plus court et le plus rapide, c’est celui que je privilégie.
Toutefois, sa fenêtre d’exécution est très restreinte, on ne peut pas se permettre une variation de timing de plus de 14 secondes tout au long du parcours.

Le plan ECHO est le plus sécurisé.
Il traverse la zone la moins dense du nuage, mais nous oblige à toute une série d’accélérations qui risquent de disloquer la formation de notre flotte.

Quant au plan FOX-TROT, c’est le plus long, le plus sinueux.
Mais il permet de garder notre flotte en formation de combat tout du long.

Tous suivaient respectueusement (même si certains sans grande conviction), les explications de VRIZARD, en les croisant avec les informations affichées en temps réel sur l’hologramme.

Mais chacun savait qu’il était peine perdue de tenter de trouver une incohérence dans sa démonstration.

Lui-même était serein quant à son expertise.

Le seul capable de le prendre en défaut sur certains de ses choix tactiques n’était pas convié au briefing des pilotes.

Il avait été amputé de son bras droit, et avait donc perdu sa licence de pilote, le jour du crash de son vaisseau, au début de la guerre de factions.

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