Secteur AB-41 / Planète MEN-424 / Station d’extraction minière abandonnée
17 février 2521 / 10h00
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– Tu cherches à savoir si on a déjà été payé ?
Tu sais bien qu’on ne reçoit le paiement qu’à la livraison …
– Oui et alors ? répondit JACK agacé.
Pfff, l’antenne a dû être endommagée par l’explosion du missile, j’arrive pas à me connecter au serveur !
JUST, amusé, le laissa aux prises avec l’ordinateur de bord, sur lequel il s’évertuait à obtenir une connexion depuis des heures …
Il connaissait bien son ami, et savait que dans ces moments-là, il n’acceptait aucune aide …
– Pourquoi veux-tu le savoir maintenant ? insista-t-il.
Tu comptes encore te racheter un AIRBIKE, c’est ça ? lui lança son camarade, goguenard.
– Mais non, je veux juste savoir s’ils ont validé le CLOSUS BONUS !
JUST, les sourcils froncés, lui tendit le tournevis dont il semblait avoir besoin :
– Tu es bien optimiste … Pourquoi voudrais-tu qu’ils l’aient validé ?
– Ben, le mec était bien équipé et pas seul. On a vu au moins deux canons MEDIUM camouflés derrière sa maison, et notre vaisseau est quasi-détruit !!!
Pourtant le dernier compte-rendu de détection ne mentionnait aucune autre signature thermique, ni d’armement lourd ! répondit JACK.
– Heu, ce qui nous a sérieusement endommagé, c’est le missile du AMBWE qui nous a touché juste avant notre WARP DRIVE.
A propos, je ne t’ai pas remercié pour ta manœuvre d’évitement ;
sans ta réactivité, on perdait notre réserve de fuel, et notre prisonnier !
JACK, allongé sous le vaisseau, ne releva pas le compliment …
– Donc si tu veux mon avis, poursuivit-il, on peut se l’caler bien profond ton « Closus Bonus » !
On recevra la prime initialement prévue, pas un ATLAS de plus !
Enfin … si on s’extrait à temps de ce fichu avant-poste …
GARGANTUA entre dans sa phase finale.
D’ailleurs, qu’est-ce que foutait cette flotte USTUR dans le secteur ?
J’ai l’impression qu’ils étaient là pour lui, eux aussi … ajouta JUST perplexe.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ? grommela JACK, tout en désolidarisant le module RADAR de l’épave de leur PEARCE X6.
– Pourquoi avoir envoyé cette escadrille de VZUS SOLOS flambant neuf, pour escorter un AMBWE de première génération ?
– C’est pas faux … souffla JACK, concentré à tester toute une série de résistances.
– Plus j’y pense, et plus j’me dis qu’ils avaient la même cible que nous ! insista JUST.
On est juste arrivé une heure avant eux.
Qu’est-ce qu’il a bien pu faire pour s’attirer les foudres des MUD et des USTUR … ajouta t-il, dubitatif.
– T’as raison, y’a un truc qui cloche …
Maintenant que tu l’dis, tous ses potes se sont dispersés dès notre arrivée …
Au final, c’est le seul à nous avoir tiré dessus … Et encore, sans grande conviction.
– Mouais… , et il choisit de nous tirer dessus avec une mitrailleuse double XX-SMALL, alors qu’il a deux canons anti-aériens MEDIUM à portée de main … acquiesça JUST, suspicieux.
C’est quoi le motif de l’avis de recherche déjà ?
– Vol ! lâcha JACK, tout en revissant le boîtier du RADAR.
Une fois ses outils rangés, il se hissa sur le carénage de leur X6.
– Attends ! Tu te déchausses pas ? lança JUST l’air contrarié.
– T’es sérieux ? C’est une épave notre vaisseau !
Tu vas pas me dire que t’as refait le ménage depuis qu’on s’est posé avant hier ???
JACK passa la tête par l’ouverture de l’habitacle, et jeta un regard inquisiteur à l’intérieur …
Mais si, il l’a fait ! s’exclama t-il, l’air faussement étonné.
Puis il pénétra dans leur chasseur, utilisé dernièrement comme BOUNTY HUNTER.
JUST ne releva pas la réflexion.
Il l’entendit ouvrir un casier de leur petit MESS HALL, et le vit ressortir aussitôt, son fidèle Longbow en bandoulière.
– Tu comptes chasser du PUNNAB ? lança t-il moqueur, à son COPILOTE.
– C’est ça, marre-toi …
Tu seras bien content quand j’te ferai griller un bon morceau de barbaque ce soir !
48 heures à bouffer leur merde lyophilisée, j’en peux déjà plus !
– Tu penses trouver quoi comme gibier ?
– Je sais pas encore, mais vu le taux d’oxygène à l’extérieur, il devrait y avoir de beaux spécimens de batraciens !
– Tu m’feras plaisir d’éviter de te faire gober par un crapaud, j’ai encore besoin de toi ici …
JACK, le regard perdu vers l’extérieur du biodôme, esquissa un sourire en coin.
– Il te reste encore beaucoup de flèches pour ton antiquité ?
Ca fait une plombe qu’on est pas repassé au souk …
– Ca, vieux frère, c’est du domaine de l’intime, dit-il tout sourire, en caressant affectueusement la longue branche en bois de son vieil arc.
Et puis j’en refabriquerai au besoin !
– Bonne chance pour trouver du noisetier dans le coin.
En attendant, n’oublie pas d’allumer ton dosimètre dès que tu seras sorti du biodôme.
JACK tourna les talons, mais au lieu de sortir du périmètre de leur biotope artificiel, il se dirigea vers la zone de vie épargnée par le bombardement ECOS, où ils avaient été autorisés à enfermer leur « colis ».
– JACK ! C’est de l’autre côté le gibier !
Sans se retourner, ce dernier lui lança :
– Faut d’abord qu’je tire cette affaire au clair avec le prisonnier …
JUST lui cria :
– C’est pas notre boulot JACK ! Tu cherches les emmerdes là … On n’est pas payé pour ça !
En guise de justification, JACK s’esclaffa :
– De toutes façons, pour l’instant, on n’est pas payé du tout !
JUST suivit du regard son binôme, avant qu’il ne disparaisse dans l’enchevêtrement des poutrelles d’acier, vestiges de la superstructure détruite de l’ancienne station d’extraction minière.
Il avait cette dégaine typique des « anciens MUD », qu’il se plaisait à pousser jusqu’à la caricature.
Il prenait un malin plaisir à prendre le contre-pied des tendances « modernes » des dernières générations MUD.
Avec son Longbow en bois de noisetier sur le dos, et ses éloges intarissables sur les repas constitués de viande fraîche naturelle, il était une provocation à la bien-pensance de ses contemporains.