Lore chapitre 1

Chapitre 1 : Das Boot

Secteur AB-41 / Planète MEN-424 / Station d’extraction minière abandonnée
16 février 2521 / 16h00

***

« CAPITAINE, je viens de détecter une signature en direction de la planète MEN-426! »

LE CALALOU se retourna lentement vers le jeune opérateur radar.

MAX discerna cet air mélancolique qu’arborait souvent le « Taulier » ces derniers temps.

« Laisse-moi deviner … on est le 1er février ? »

« Oui Capitaine… le U-96 …  »

La première détection avait eu lieu il y a un mois.
La signature d’un SLEDBARGE est reconnaissable entre toutes, même pour un novice.
Quinze jours plus tard, nouvelle détection, encore un SLEDBARGE.
MAX avait alors cru distinguer une variante phonique dans l’écho du radar.
Une variante qu’il avait l’impression d’avoir déjà entendue,
mais à laquelle il ne se rappelait pas avoir prêté attention.

Ne supportant pas de laisser planer un doute, il alla consulter les archives de ce dernier mois.
Bingo ! Trois signatures de SLEDBARGE avec la même anomalie, détectées à quinze jours d’intervalles !
Si plusieurs raisons pouvaient expliquer la modification d’une signature radar,
et si la plupart du temps, c’était dû à l’ajout d’un module externe, là, c’était différent …

Le CAPITAINE, alors préoccupé par la progression du trou noir « GARGANTUA »,
l’avait poliment écouté,sans rien vouloir relever de suspect.

Qu’à cela ne tienne, il tenait « quelque chose », que personne n’avait relevé,
pas même NONO, qui n’y voyait qu’une simple coïncidence.
Mais si ses doutes étaient fondés, d’ici 2 semaines, il gagnerait alors
ses premières lettres de noblesse au sein du très réputé (et prétentieux) « COR »,
le « Cercle des Opérateurs Radar ».

Très exactement quinze jours plus tard, NONO, feignant la crédulité,
avait accepté d’échanger son quart de veille avec son jeune binôme.
Les premières heures d’écoute passèrent vite, l’espoir d’avoir raison balaya toute fatigue.
Mais la journée avançant, les heures s’égrénèrent alors plus lentement.
Adieu reconnaissance gloire et prestige !

A coup sûr, les « anciens » ne manqueraient pas l’occasion de se moquer de lui.
Il entendait déjà les railleries de NONO au repas du soir, résonner dans l’espace étroit
de leur MESS HALL.
Le petit réfectoire des mécaniciens était le seul à avoir survécu à la destruction de l’ancienne station d’extraction minière, terraformée l’année passée par une flotte de rebelles ECOS,
et sur laquelle LE CALALOU avaient reçu l’ordre d’installer un avant-poste de détection « provisoire »…

Un « bip » strident le sortit de sa léthargie.
Réajustant le casque audio sur ses oreilles, il scruta attentivement l’écran du scanner,
dont il avait réglé, dès sa prise de quart, l’amplification sonore maximum en direction de la planète MEN-426.
Le diffusiomètre radar du C9 n’ayant pas survécu au crash,
MAX devait se contenter d’un radar phonique obsolète remis en service par DIAMOND.
Sa technologie originelle datait des radars maritimes de la seconde guerre mondiale terrestre, il y a environ 600 ans…

Il n’était pas peu fier d’avoir bénéficié de l’instruction de l’un des meilleurs
opérateurs radar.
Même s’il lui reprochait d’être parfois têtu et souvent moqueur,
NONO restait néanmoins une référence dans la flotte MUD.

Le scénario, imaginé des centaines de fois, se réalisait enfin.
Un frisson lui traversa le dos jusqu’à l’échine, alors qu’il fermait les yeux
pour mieux analyser l’écho de la signature du vaisseau.

Un SLEDBARGE assurément.

La même anomalie …
Une défaillance du déviateur annulaire de jet de l’une des tuyères, il en était sûr !
Cette bague mécanique, placée dans le jet des tuyères pour modifier la direction de la poussée, voyait sa mobilité diminuer, en l’absence d’un entretien régulier.
Le moteur, alors en sur-régime par rapport aux autres, générait des interférences
dans l’écho.

Avalant 4 à 4 les marches menant au bureau du CAPITAINE, MAX anticipait déjà son entrée théâtrale :
il ouvrirait la porte brusquement, annoncerait fièrement qu’il avait raison,
et que c’était bien le même vaisseau qui faisait des allers-retours tous les 15 jours
sur MEN-426 !

Mais avant même que la porte, violemment ouverte, n’ait le temps de claquer contre le mur,
MAX réalisa qu’il n’aurait peut-être pas l’effet escompté sur ses spectateurs …

En effet, autour de la table de réunion, il aperçut la « dream team des grincheux », comme il aimait l’appeler, atablée autour de LE CALALOU…
Ce n’est donc pas une, mais cinq têtes qui se retournèrent vers lui,
leur regard variant entre le raisonnablement surpris et le passablement agacé …

JU, SATHO, VRIZARD et AUGURE, 160 ans rien qu’à eux quatre… Pfff …
Non pas que ce soit de mauvais bougres, non, mais ils n’étaient pas non plus
de joyeux drilles…

Après deux minutes passées à écouter une leçon de morale de SATHO,
sur le rappel des règles élémentaires de politesse et de respect envers la hiérarchie,
il put enfin, non sans fierté, leur annoncer sa découverte.

Leur réaction fut inattendue …
Alors que les 4 « grincheux » se regardaient en souriant d’un air narquois,
ce fut LE CALALOU qui prit la parole :

« Je te félicite MAX, nous parlions justement de toi.
Nous avons constaté que tu as bien progressé ces dernières semaines à ton poste d’opérateur radar.
En plus, les circonstances actuelles ne semblent pas t’avoir impacté, tu restes motivé
et de bonne humeur.
Continue comme ça, ce sont des gars comme toi dont on a besoin pour gagner cette guerre ! »

N’étant pas sûr de les avoir convaincus, MAX ne put s’empêcher de leur demander :

« Mais alors, pour le SLEDBARGE … ? »

Ce fut AUGURE qui prit la parole, lui répondant sur un ton faussement désinvolte :

« Ah le U-96, oui, NONO nous a averti la semaine dernière… En effet, c’est très suspect,
on enquête dessus, on communiquera nos découvertes dès que nous en saurons plus. »

Sans un mot, après avoir cette fois-ci, réglementairement salué le CAPITAINE,
il tourna les talons et redescendit la passerelle, bien moins vite qu’il ne l’avait montée.
Il était dégoûté !
Blazé même, ne sachant pas déterminer ce qui était le pire, s’être fait doubler par NONO,
qui l’avait laissé dans l’ignorance tout ce temps, ou avoir été mis à l’écart de l’enquête !

C’est la mine renfrognée qu’il rejoignit son poste,
où NONO avait d’ailleurs pris place en son absence.

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1 réflexion sur “Chapitre 1 : Das Boot”

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