— Réveillez-vous les Punaabs ! S’écria une voix retentissant dans la petite cabine de pilotage.
— Nono ! Merde quoi, j’étais en plein rêve ! répondit Maxvingt d’une voix endormie.
— Réveil les autres mon Maxou, nous sommes arrivés à la Starpath !
— Ok… Ok… Répondit Maxvingt d’un ton las.
Puis, il reprit :
De toute façon, vue comment t’as braillé, ils ont forcément entendu.
Maxvingt se leva péniblement de sa couchette de fortune. Se dirigea vers une machine près du poste de commande, il n’avait qu’un pas à faire avant d’atteindre l’objet convoité puis fit un ka’fe, c’était une boisson qui permettait d’éveiller les esprits, un breuvage très prisé chez les MUD.
— Tu en veux un ?
— Non merci Maxou, j’en ai bu 6 depuis que j’ai pris le relais.
Cela faisait 18h que Nono était au poste de pilotage du vaisseau. C’était un Fimbul Mamba, dans la galaxie on l’appelait le vaisseau du pauvre. Il eut cette réputation à cause de son faible coût de construction, mais surtout à cause de ses organes issus de la récupération.
— C’est encore Nono qui fait tout ce boucan ? S’exclama Tova en montant les escaliers.
— Yes Tova, on arrive à la Starpath !
Quand Tova entendit ce que disait Nono, il débarqua à toute hâte vers le poste de pilotage.
— Je t’avais dit de me réveiller A-VANT d’atteindre le portail ! Et non pas DE-VANT le portail !
Nono concentré sur le poste de pilotage fit mine de n’entendre aucune syllabe de son confrère.
Sans perdre un seul instant, le technicien Tova se jeta sur les panneaux de contrôle et se mis à marmonner dans sa barbe :
— Moteur impulsion température ok, charge RAS, bouclier 83% ok, propulseur de manœuvre fonction…
— Ne t’en fais pas Punaab, tout est ok, dit Nono en esquissant un sourire du coin de la bouche.
La colère monta dans l’étroit espace de commandement.
— Déjà d’une, je ne suis pas un Punaab, et de deux, on va rentrer dans une Starpath avec ce vieux coucou, alors permets-moi d’être intransigeant avec la sécurité de tous.
Pas une, pas deux, témoin de toute la scène, Maxvingt se mis à rire aux éclats, il était tellement plié, qu’il failli renverser son ka’fe sur le sol métallique du vaisseau.
Instinctivement, le visage de l’homme coléreux devint tendre.
— Les gars, vous n’êtes vraiment pas sérieux. Lança Tova en secouant légèrement la tête de gauche à droite en signe de lassitude.
Cela faisait presque 3 mois que l’équipage était en mission dans leur vaisseau exigu aux confins de l’espace. Ils n’avaient qu’une envie, celle de pouvoir mettre les pieds sur la terre ferme et prendre quelques jours de repos. Cependant, à la vue du visage de Maxvingt s’illuminant en voyant la Starpath, ses deux camarades comprirent assez vite qu’une fois sur place, ils auront des objectifs très différents.
Le vaisseau avançait à vitesse réduite vers ce halo lumineux intimidant, la Starpath était une immense porte dans l’espace doté de sécurité digne des plus gros vaisseaux d’antan.
Arrivé à faible distance du halo, une voix robotique se fit entendre à la radio :
— ATMTA compagnie vous souhaite la bienvenue. Vous vous apprêtez à rentrer dans le système MUD Centurion, veuillez déclarer votre identité.
Machinalement, Nono92 se mit à taper sur ses écrans une ligne de code complexe.
— Bienvenue à l’entrée du système MUD Centurion. Une fois l’acquittement de la taxe de 50 000 ATLAS effectué, dirigez-vous vers l’accès en vitesse de croisière.
Nos 3 compères s’empressèrent de poser un à un les doigts sur l’écran pour valider le transfert. Ils avaient besoin de 3 signatures digitales au minimum pour transmettre les fonds vers le portefeuille de l’entreprise gestionnaire du portail.
Le vaisseau entra doucement dans le spectre lumineux quand soudain des bruits de craquements métalliques se firent entendre. Le vieil oiseau tremblait de toutes ses plumes, il voyageait à une vitesse subluminique. De l’extérieur, on pouvait apercevoir l’alliage frétillant face à une telle vélocité, mais ce vaisseau en avait connu bien d’autres.
Il n’aura pas fallu plus de 5 minutes et 3 secondes pour entrer dans le système MUD Centurion. (NDLR : Pour voyager jusqu’à Mars à vitesse luminique, il faut 3 minutes et 2 secondes lorsque la planète est à son point le plus rapproché de la Terre, soit 54,6 millions de kilomètres.)
Comme des confettis qui explosent au visage, nos 3 navigateurs pouvaient contempler dès à présent la richesse de ses amas d’étoiles. Un univers fourni, abondant de possibilités, et surtout synonyme de confort pour le plaisancier Maxvingt.
— Aller Nono met le cap sur Centaure s’il te plaît, nous devons voir Edd.Tok pour faire réviser le vaisseau, dit Tova.
Maxvingt rétorqua aussitôt :
— Ah non non ! Je dois aller sur Centare d’abord.
Puis fit un clin d’œil au pilote.
— Que vas-tu faire à Centare ? Demanda Tova en haussant le ton.
— J’ai une petite Mierese à aller voir, répondit le plaisancier d’une voix enjoué.
Voyant la situation s’envenimer, Nono92 pris une grande inspiration et déclara :
— Écoute Tova, laisse-le un peu respirer, on était en mission pendant 3 mois. Il est jeune, soit un peu compréhensif veux-tu ?
Tova haussa les épaules en soufflant, n’ayant plus la force de réagir au comportement immature de Maxvingt.
Une illumination parvint à l’esprit du jeune plaisancier, il se hâta vers le bas fond du vaisseau où logeait une partie de l’équipage. Dans les escaliers, il croisa Netso, la seule femme de l’équipage, qui lui adressa un magnifique sourire en guise de salutation. Ayant un objectif en tête, le jeune navigateur lui lança un bref « Salut » tout en continuant sa course vers le niveau inférieur.
Il entra dans un espace exigu où dormaient d’autres membres du groupe. La cabine était modique, cela ressemblait plus à une cellule de prison qu’à un dortoir.
Maxvingt s’approcha d’un homme dormant sur un futon dans le fond de la pièce et se mis à lui donner quelques légers coups de pied pour le réveiller.
— Hé ! Hé Wabaky, chuchota le jeune homme.
— Ouais, quoi ? Demanda l’homme somnolent.
— Tu veux bien me prêter ton Airbike, je go voir une petite Mierese à Centare ? Dit Maxvingt à voix basse.
— P’tin mec, tu fais chier ! Grogna Wabaky
De façon nonchalante, Wabaky tendit le bras et notre joyeux luron fît de même. À l’instant où leurs poignets entrèrent en contact, un minihologramme se déplaça de l’un à l’autre. L’image en 3 dimensions représentait une sorte de moto galactique avec un énorme propulseur. On pouvait y lire la mention « NFT Airbike transféré vers Wallet Maxvingt. Contrat temporaire ».
Sans même demander son reste, notre joyeux luron s’empressa de revenir vers le poste de commandement pour annoncer la nouvelle aux 3 membres d’équipage présents.
— J’ai trouvé une solution pour satisfaire tout le monde ! Déclara Maxvingt tout émoustillé. Wabaky m’a prêté son Airbike pour que je puisse aller vers Centare sans vous faire faire un détour.
Netso vacant à ses occupations resta muette, Tova fit un signe de la main lui souhaitant bon vent tandis que Nono92 lui préconisa de naviguer avec prudence, car la circulation était dense dans le système. Sans perdre un seul instant, le jeune homme se rendit à la soute, empoigna la moto galactique puis s’extirpa du vaisseau tel un dragon affamé.